Je savais que ce cours allait être assez difficile et c'est pourquoi je l'ai retardé. Jusqu'ici, je ne me sentais pas prête à plonger. Mais ce week-end, oui. En après-midi, les profs ont formé 3 équipes selon nos profils. À partir de la théorie du matin, nous devions préparer une classe pour accueillir un petit garçon de 5 ans, le lendemain.
Nous sommes donc montées dans une classe où quelques tables et chaises traînaient. Nous étions toutes très nerveuses, ne sachant pas trop comment aménager l'espace en fonction des caractéristiques de notre élève. Rapidement, nous avons formé 3 espaces de travail : 1 prof/élève, 1 espace autonome et un coin jeux. À la fin, nous étions assez satisfaites du résultat. Il fallait alors monter les tâches et l'horaire pour Omar qui arriverait le lendemain.
Omar, 5 ans
Autiste non-verbal
Concentration de 30 secondes
Comprend le geste encore (deux mains qui applaudissent)
Communication : crie et pleure
Porte des couches
Fugue
S'auto-mutile lorsqu'il est fatigué
Il était tellement mignon... cet enfant a volé mon coeur ! Nous avons travaillé avec lui pendant 2 heures, au cours desquelles nous avons appris, appris, appris. Le plus drôle, c'est que pour se déplacer dans l'école, il utilise un chariot parce que sinon, il fugue. Comme il aime le chariot, il n'en ressort pas. C'est le seul moyen qu'ils ont trouvé pour les déplacements. Juste ça, c'est assez différent d'une école régulière. Les classes des élèves plus âgés ont des télés avec des jeux vidéos qu'ils utilisent en renforçateurs. Là aussi, c'est autre chose.... Je travaillerai avec un garçon d'onze ans dans 2 semaines.
Ce serait long d'expliquer tout ce que nous avons travaillé avec Omar, mais disons qu'à la fin du 2 heures, nous avons découvert qu'il pouvait mettre dix jetons dans une boîte avec une grosse fente. Pour y arriver, nous avons modifié notre tâche 3 fois. Nous avons aussi identifié 5 objets que son prof pourra utiliser pour lui faire comprendre où se déplacer (par exemple, lui remettre une paille qu'il va mettre sur sa boîte de jus). Il est loin d'être autonome par rapport à cet objet. Pour lui faire comprendre qu'il doit venir travailler avec nous, on le prend au coin jeux en lui montrant une tortue musicale que seulement nous pouvons actionner. Il devient captivé par la tortue et oublie qu'on le prend par la main pour l'amener faire une tâche.
Nous avons testé 5 tâches et préparé 4 autres tâches supplémentaires, dimanche.
Nous nous sommes penchées sur le choix de l'objet à lui remettre pour l'enseignement individuel pendant 45 minutes. Pendant 30 secondes de cet après-midi, je me suis dit : "...est-ce que je suis vraiment dans une école en plein samedi à réfléchir avec 5 autres profs ET une prof d'université sur : oui ou non, la tortue et pourquoi la tortue plutôt que : oui ou non, un objet lumineux dans un bocal vissé ? Et pourquoi plus la tortue que la lumière ?....... et pourquoi pas un objet musical hors de sa portée ? Est-ce mieux la tortue, la musique.... oui, non, oui, non... "
Samedi soir, j'étais claquée, MORTE. Je pense que je ne suis jamais restée aussi concentrée de MA VIE, pendant ces deux journées. Et le lendemain, dimanche, c'était le vrai test. Nous nous sommes rencontrés par la suite, avons discuté pendant 1 heure sur ce qui venait de se passer, avons préparé notre compte-rendu écrit et avons terminé la journée par un exposé oral, dimanche, à 16 h.
Je trouve que le terme "cours intensif" est bien choisi pour le désigner. Et cherry on top, 4 travaux et un test à faire pour le 17 avril...
publié par caroline @ 8:56 p.m.
commères du village : 1
