Haute voltige
Le jour de la naissance de notre enfant... quelle journée extraordinaire. Inégallée. Les vannes de l'amour éternel définitivement ouvertes pour ne plus jamais se refermer. Plus jamais, impossible. Je vais tenter de décrire le plus exactement et dans les plus petits détails cette journée unique ou (je sais, l'accent) notre petit trésor nous a rendu sa première visite officielle.Mardi, 10 juin 2003.
Température extérieure : 22C.
Ciel dégagé, sans nuage.
Plus bleu que les autres jours de ciel bleu.
Levé des corps, 5 h 30.
Valises prêtes, entrée prévue à l'Hôpital Sainte-Justine : 7 h.
A-t-on vraiment dormi cette nuit-là ? Ummm, non. Je n'arrêtais pas de penser que nous reviendrions avec notre petit trésor et qu'il serait avec nous pour toujours. Heureux présage. En même temps, je me souviens que j'étais un peu angoissée, juste un peu, par la césarienne. Normal, j'imagine. Je me souviens également que je priais très fort pour ressentir une seule contraction avant de passer en salle d'opération. Je ne fus pas exaucée... La prochaine fois, espérons-le ! (j'ai comme l'impression que je me demanderai pourquoi j'ai déjà fait ce voeu... juste une impression, comme ça...)
Donc, mélange d'angoisse et de hâte. Une douce folie que ce sentiment, tout à fait ennivrant. Une garçon, une fille ? Je demeure persuadée que je porte en moi un petit garçon, David croit que c'est une fille. Peu importe, nous le saurons dans quelques heures...
6 h 30, Descente vers le trottoir, valises et siège d'auto avec nous. J'ai passé un long moment, au cours de cette nuit à me dire : "Dire que dans 5 jours maximum, nous quitterons l'hôpital avec notre petit bébé dans cette coquille !"
Avant de partir, David immortalise les derniers moments de ma grossesse sur la caméra vidéo numérique, on me voit, heureuse et avouons-le, nerveuse.
Taxi. En route pour Sainte-Justine. Paperasse et signatures à l'arrivée. Je pense aux femmes qui doivent faire ce travail en pleines contractions. Soudain, je me trouve bien chanceuse !
On m'installe dans une petite chambre avec un moniteur pour écouter, pendant une heure complète, le petit coeur de notre bébé. Il paraît que j'ai de bonnes contractions et que j'aurais accouché naturellement dans les 24 prochaines heures. Ah bon, next time madame ! Je vais aux toilettes toutes les 10 minutes. Je mets ça sur le compte du soluté et non sur celui de la nervosité, bien sûr, moi, la femme forte !
Ça y est, je sais que je suis la prochaine concurrente... On vient me chercher, on me sépare de mon petit David, je me sens tout à coup bien seule et oui, j'ai peur ! En salle d'op, on s'affaire à compter les merveilleux outils, on se prépare, on connaît la routine. Une charmante anesthésiste est prête à m'injecter son fiel paralysant, excitée à l'idée de trouver un chemin entre mes vertèbres hors normes, curieuse de voir de quelle façon l'anesthésiant se comportera... Tout de même, elle se montre rassurante à me disant que si ça ne fonctionne pas, l'anesthésie générale demeure une solution...
"Ah bon, euh... ok... " Que dire de plus ? Je ne peux plus reculer, anyway !
- Ummm... je sens un chemin entre ces deux vertèbres.... on va essayer ici. Compte avec moi...
Compter, mais c'est quoi ça compter ? L'affaire qui commence par un ?
- Ok, un, deux trois.... ça pique....
- En effet Madame, je dirais même que vous êtes en train de me rentrer une aiguille dans un os, c'est peut-être juste une impression...?
- Et c'est parti... maintenant, couche-toi, on va voir ce que ça donne avec toi...
Le résultat final est identique à celui des autres femmes, le chemin emprunté, différent : mes jambes gèlent, en alternance, puis dégèlent, pour finalement se congeler définitivement. Puis, mon ventre à gauche, mais pas à droite. Je suis inquiète, l'anesthésiste, elle, fascinée. Elle prend des notes, veut tout savoir, petite curieuse.
Entrée de mon chirurgien en salle d'opération, suivi de son assistante. Je ne peux plus cacher ma grande nervosité, mon moniteur cardiaque dévoile tout !
"Tais-toi donc..." on avait presque du fun ici, maintenant que le chirurgien est entrée, tu accélères, tu sautes des coups...
Ça commence. Ils sont vraiment relax : mon doc chante du Dan Bélanger, le cd de la salle d'opération. Bon choix, je me concentre moi aussi là-dessus. David arrive et vient me rejoindre. Ça brasse, je me déplace de gauche à droite. Soudain, l'expression "se faire rentrer dedans..." prend tout son sens. On m'arrache les entrailles ou quoi ?
Et tout à coup, le chirurgien demande à David :
- Vous voulez voir ce que c'est ?
David se lève.
SURPRISE !!!!!!!!!!!
Mouvement de recul : "Un garçon ? C'est un garçon ?"
- C'est un garçon !!!
11 h 38, mardi, 10 juin 2003 - ZE DATE !
Tout le monde applaudit ! Coooooooooool. Je le mérite bien, après 9 mois d'attente, de me faire applaudir !
Je me sens comme SUPERMAN !
On prend le petit ange que l'on dirige vers la balance et moi, je suis subjuguée de voir à ma droite ce qui se cachait dans mon ventre. On m'apporte le petit trésor que j'examine du mieux que je peux, pendant que le petit papa joue les délinquants et SAUTE PARTOUT !
- Du calme... calmez-vous monsieur, vous êtes en zone stérile... dirigez-vous vers la tête de votre femme sinon, nous serons obligés de vous faire sortir ! David continue de sauter, un vrai kangourou. Les menaces frappent de nouveau et cette fois-ci, David se calme un peu, heureusement.
Mes petits trésors se dirigent vers la salle de réveil ou (l'accent, je sais) je les rejoindrai aussi dans quelques minutes. Tout est bien qui finit bien, je suis LA FEMME LA PLUS HEUREUSE DU MONDE ENTIER et je ne peux plus attendre de faire plus amples connaissances avec ce mignon garçon avec qui j'ai pris rendez-vous, il y a 9 mois.