Il est des états qui vous font envier ceux des autres, et même le vôtre, pour autant que vous soyez en santé, physique et mentale. C'est ce que j'ai tenté de retrouver au cours des trois dernières semaines. M'éloigner un peu de moi-même pour mieux me retrouver. Certes, ces chemins sombres et lugubres, je les ai empruntés jadis. Maintenant, je connais mieux les signes, mais hélas, jamais ils ne trompent.
Je tiens tout de même à souligner quelques personnes qui ont marqué mon séjour dans cet
hôpital, où ne rien faire d'un endroit à l'autre constituait mon horaire quotidien.
Je me souviendrai de
Jimmy qui ne cessait de me raconter toutes les petites anecdotes absurdes concernant les autres patients (ex :
Va voir dans la toilette, Madame K. lit sa Bible debout, près du lavabo...). Ensemble, nous arrivions à sourire, à rire aussi, parfois, souvent.
Je me souviendrai également de
Madame Mercier qui m'a confrontée à une vérité toute simple, mais complexe : la maladie mentale, toutes comme les autres, ne choisit pas ses victimes, cette grande dame du Plateau elle-même médecin auparavant. Bien sûr, il y a aussi toutes ces phrases que nous nous amusions à lui faire répéter, sous les yeux exaspérés du personnel infirmier. Je retiendrai en particulier cette fois où elle m'a confié que
"c'était criminel d'avoir le poil des jambes aussi long..." (bon, je les ai rasées depuis, mais aux soins intensifs en psychiatrie, les rasoirs, on aime pas trop...)
Finalement,
Monsieur Miyaka, lequel j'ai côtoyé brièvement, quelques jours avant son décès. Tous les matins, jusqu'à présent, c'est à lui que je pense pour me sortir de mon lit (et de cette foutue dépression).
S'il le faisait, je peux le faire sans problème.
Et moi, que me reste-t-il ? Beaucoup d'amis, un travail hyper passionnant, mais surtout, un grand Tannant qui ne demande qu'à chanter, à jouer, à être aimé (bon, il nous demande aussi des bleuets parce qu'il a
un petit peu mal à la tête, mais ça, c'est une autre histoire).
Ce soir, il est bon d'être à la maison.